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31 mars 2025|Culture

Le document du mois de Mars 2025

Donat-Joseph Méro, maire de Cannes (1865-1874) L’artisan de la métamorphose

« Entre nous, désormais, c’est à la vie et à la mort », Adresse aux Cannois, Donat-Joseph Méro, 29 mai 1969.

À l'occasion du 160ᵉ anniversaire de la nomination de Donat-Joseph Méro (1815-1874) en tant que maire de Cannes, la municipalité rend hommage à cet artisan de la transformation de la ville à la fin du Second Empire.

 

Donat-Joseph Méro, maire de Cannes
Coll. Part.

 

Né à Cannes, Donat-Joseph Méro, fils d’un négociant, et aussi issu, par son oncle, d'une famille de parfumeurs, un secteur alors en plein essor dans la région. Apothicaire, puis parfumeur, Méro se lance dans l’industrie de la parfumerie en construisant, en 1851, la première grande distillerie d’essences pour les industries alimentaires sur un domaine agricole de 300 hectares situé à la Paoute, près du Plan de Grasse. Par la suite, il fait installer à Grasse la première distillerie à vapeur. Ses travaux précurseurs l'amènent à participer à l'Exposition universelle de Paris, et lui valent d’être honoré de la Légion d'Honneur en 1855. Il fonde la ferme-école de Saint-Donat dans son domaine de la Paoute, destinée à former des élèves à l’horticulture. Selon ses dispositions testamentaires, la ferme-école est transformée en asile pour personnes âgées après sa mort. Bien plus tard, le site accueille d’abord un centre hippique (années 1960) puis un golf, le Golf de Saint Donat (années 1990) que l’on connait aujourd’hui.

En 1865, cet homme d'affaires « libéral » est nommé maire de Cannes par décret impérial, avant d’être élu conseiller général en 1867. Sous son mandat, la petite ville de Cannes, fréquentée par une clientèle d’hivernants fortunés en villégiature sur la Côte d’Azur, entame sa métamorphose. Afin de retenir cette clientèle à Cannes, Méro œuvre pour améliorer les infrastructures, notamment en favorisant l'extension du réseau routier, mais aussi pour assainir la ville en créant un grand égout collecteur. D’autres grandes réalisations font partie de son héritage : l’installation d’écoles communales, la création du collège Stanislas, l’aménagement du boulevard de l’Impératrice (aujourd'hui boulevard de la Croisette), ou encore celui du cimetière du Grand Jas, l’embellissement des Allées et de la Pantiero, la création du boulevard du Midi. L’une de ses réalisations majeures est sans nul doute l’adduction des eaux de la Siagne, dont l’inauguration du canal a lieu le 16 août 1868.

 

Inauguration du canal de la Siagne, 16 août 1868
Archives municipales de Cannes, 6Fi20

 

Lors des élections législatives des 23 et 24 mai 1869, Donat-Joseph Méro se présente sous l’étiquette de « libéral indépendant » osant s’attaquer au candidat officiel du régime, le duc de Rivoli, petit-fils de Masséna, mais il perd les élections. Etrillé par la presse d’opposition dirigée par le Républicain Auguste Borniol, son éternel rival, il remporte l’année suivante, grâce aux votes cannois, les élections cantonales le jour même où la République est proclamée à Paris. S’ensuit une période de forte agitation politique. Les Républicains envahissent la mairie et réclament la démission du Maire. Méro préfère se retirer et signe une déclaration tout en refusant de rendre son écharpe. Auguste Borniol est alors nommé à la tête d’une commission municipale provisoire. Accusé d’avoir détourné des fonds communaux, conduit à Nice pour être jugé, Méro bénéficie finalement d’un non-lieu et sort libre. Soutenu contre vents et marées par les Cannois, il retrouve son siège de premier édile lors des élections municipales organisée en mai 1871. Néanmoins, il se heurte à une tenace opposition républicaine qui rend impossible toute prise de décision. Epuisé par les épreuves, Méro meurt le 1er mars 1874 dans sa maison rue de Fréjus et reçoit dès le lendemain l’hommage des Cannois. Ses obsèques solennelles sont célébrées à l’église Notre-Dame-de-Bon-Voyage en présence de nombreux membres de la colonie étrangère, d’enfants des écoles et des collèges et d’une compagnie de marins. Sa dépouille mortelle est conduite à la ferme-école de la Paoute pour y être inhumée dans le caveau familial.

Les hommages de Cannes à Méro débutent plus de vingt ans après sa mort. En 1897, la municipalité décide la création d’un square à l’emplacement de l’ancien cimetière du Caroubier au Suquet. En 1912, ce square laisse la place à une école de filles, l’école Méro. Un nouveau square Méro voit le jour à l’emplacement du réservoir de l’arrivée des eaux de la Siagne avenue de Grasse. En 1914, à l’initiative du maire André Capron, un monument est érigé à sa mémoire, signe de reconnaissance des Cannois pour son action : un buste, œuvre du sculpteur Denys Puech, est installé rue Mont-Chevalier, à proximité du Suquet et de l’hôtel de ville dont il avait décidé la construction à la fin de son mandat.

 

Inauguration par le maire de Cannes, André Capron, du monument érigé en hommage à Donat-Joseph Méro, 16 avril 1914
Archives municipales de Cannes, 8Fi70